Maxime ayant déjà commenté la plupart de nos étapes, je vais juste parler de 2-3 histoires qui ont un peu marqué notre 2e mois de voyage.


Le Brésil est tellement grand que même après une 3e visite, j ai l'impression de n'en connaître qu'une infime partie...sa grandeur lui offre une variété de paysages, de villes et de découvertes incroyables ! Mais du coup tout prend aussi plus de temps...les distances sont multipliées par x, une « porte d'entrée » vers un site signifie en général que ledit site se trouve encore à plus de 4h de route, un « petit » trajet en bus équivaut à 6h au minimum ! Bref, vous l'avez compris, au Brésil il faut du temps et fort heureusement nous en avions un peu. De fait nous y sommes restés un mois alors que j'avais plutôt estimé notre séjour à 3 semaines. Mais nous nous sommes vraiment bien amusés et nous avons composés avec quelques aléas. Le moins plaisant fut probablement notre vol vers le Pantanal. Arrivée prévue à 22h. C'était sans compter avec l'orage terrible qui grondait cette nuit là. Après 45 minutes d'essais d'atterrissage (dont 1 « posé-décollé ») nous sommes redirigés à 900km (la porte à côté quoi!), ou nous nous posons difficilement. Puis rien. Personne ne parle, même le pilote a perdu sa langue. Alors nous attendons – dans un calme olympien. Nous faisons le plein. Maxime dort, heureusement. A 2h du matin nous redécollons, finalement. Pour atterrir à bon port cette fois, mais toujours dans l'orage terrible... bref, la nuit ne fut pas de plus reposante et Maxime (s’étant réveillé!) et moi nous souviendrons longtemps des prières continues murmurées dans tout l'avion – et du coup du jour « perdu » dans une ville (Campo Grande) qui nous laisse pour seuls souvenirs la pluie diluvienne et un shopping center :-)


Un autre souvenir, drôle cette fois (du moins après sauvetage), qui nous a cependant également fait perdre pas mal de temps fut notre « naufrage » à Sao Luis ! En visitant la ville nous avions bien vu que la marée jouait un rôle conséquent dans l'accostage des bateaux. Nous avions donc noté les horaires variables des catamarans vers l'île (charmante) d'Alcantara, située à env. 2h de Sao Luis. C'est ainsi en toute confiance que nous partons le lendemain au petit matin pour la visite du joyau colonial. Au retour, à env. 1 km au large, nous ressentons une forte secousse puis un arrêt net. Hmm... les locaux auraient-ils mal gérés l'horaire des marées ?! Il semblerait, car nous avions bien échoué au large de Sao Luis. De prime abord, pas de panique. Et pas question de s'entasser sur les 2 mini-barques à voile venues chercher les plus pressés... Comme les 40 autres brésiliens, nous allions attendre que la mer se retire et nous allions rentrer à pied, rien de plus simple. Donc une fois la marée à son plus bas, nous sautons dans les quelques centimètres d'eau et entamons notre marche. Mais c'était sans penser que nous allions marcher sur de la vase, et non sur du sable dur... les plus légers s'enfonçaient jusqu'aux mollets, les plus lourds jusqu'à la poitrine. Fini la non panique ! Imaginez 40 brésiliens qui hurlent à qui le plus fort, de peur, mais aussi pour se faire rembourser les quelques reals dépensés ! Bref, il nous aura fallu 4h pour nous sortir de cette fâcheuse position (je précise que des pêcheurs sont venus à notre secours, et que les gars du bateau ont chargés Maxime sur leurs épaules pour avancer ce qu'il fallait avancer!). Et il aura bien fallu 3 jours pour enlever toute la boue qui s'était incrustée sous nos pieds...


Dans le style aventure, nous avons également eu notre arrivée sur Ilha Grande, une île couverte d'une dense végétation située au sud de Rio. En pleine dépression (météo je précise) nous étions poursuivis par le mauvais temps depuis quelques jours. J'avais ainsi réservé à la der notre séjour sur l'île, espérant une fenêtre ensoleillée sur place. A la der signifie aussi prendre les chambres à prix payable encore disponibles, sans trop y regarder ... La traversée en soi, sous un ciel chargé mais avec des vagues « gérables », s'est relativement bien passée. Mais voilà qu'arrivés au port principal de l'île, on m'informe que notre bungalow se trouve à 3km, dans une baie à l'opposé et derrière les collines, par un sentier impraticable par temps de pluie. Il faut donc prendre une autre barque – il n'y en a pas beaucoup. Alors le premier bateau qui est là et qui semble prêt à nous prendre, nous le prenons. Le « capitaine » m'informe en même temps qu'il largue les amarres qu'il va me déposer dans une autre crique car la mienne n'est pas accessible avec cette houle. Ok. Il va falloir marcher un peu après. Ok. De toute manière pas le choix, nous sommes déjà partis – le temps semble compté. Et franchement j'ai eu « un peu » peur ... des vagues 3x la taille de notre petite barque, nous (et nos sacs!) étions trempés jusqu'aux os. Le bourru capitaine (pour utiliser un terme gentil) nous débarque au milieu de nulle part, mais sains et saufs. Et maintenant ... ? A droite paraît-il. Alors chargés, trempés, nous marchons vers la droite. Apercevons un sentier de l'autre côté d'une rivière, mais pour y arriver, va falloir escalader un rocher – il y a bien une corde, mais pas facile lorsque tout est glissant et que nos sacs à dos nous tirent vers l'arrière. Nous abandonnons et du coup traversons la rivière à pied. Là aussi, facile quand on mesure 1m70 – mais petit Maxime en avait jusqu'en haut des cuisses de cette eau peu ragoûtante :-) Sommes finalement arrivés – ce n'était effectivement ensuite plus très loin – et le lieu, sous le soleil du lendemain (j'avais donc bien calculé mon coup soleil!), valait largement les efforts et frayeurs. Mais sur le moment, nous nous sommes sentis comme des vrais Robinson Crusoé, au milieu de la tempête.


Nous pouvons aussi parler ici de nos rencontres avec les brésiliens... de prime abord ils sont souvent un peu hautains, ou disons qu'ils ont l'air de s'en ficher un peu que vous soyez là ou non... mais la plupart du temps la glace se brise sur une question, et alors ils deviennent super sympas. Tu n'as pas internet ? Oh mais je partage ma connexion ! Attend je te prépare un bol d'acai ! (l'acai étant LE fruit du Brésil!). Attend je te prépare un deuxième bol d'açai ! Tu as besoin de connaître l'horaire du bus ? Attend j'appelle pour toi ! Ou encore les accueils « comme à la maison » dans certaines posadas, comme à Morro de Sao Paolo ou chez Frankie à Sao Luis. Des vraies adresses coup de coeur. Et puis il y a eu Anna, une professeur d'art et de cinéma qui nous écoutant discuter dans le métro à Sao Paolo a proposé de prendre une heure sur son temps pour nous montrer ses endroits préférés du quartier « historique ». Finalement nous avons été chaleureusement accueillis chez Giselda et Peter, les parents de Daniela... et y avons mangé nos meilleurs artichauts !


Je ne saurais terminer un post sur un pays sans parler de ... manger, of course ! Alors disons le d'emblée...pour qui voyage avec un petit budget, le Brésil se montre sous un jour plutôt décevant. Mais je vais quand même mentionner la délicieuse moqueca de Bahia (un plat de crevettes, poisson ou végétarien au lait de coco et épices locales servi dans un bol en terre cuite et accompagné de riz, haricots rouges et farine de manioc), un délice surtout lorsque c'est servi dans un petit restaurant local. Après si on passe à un budget supérieur, les spécialités japonaises font la fierté des très nombreux exilés du pays du soleil levant. Mais en résumé, ce n est pas l'étape qui nous aura marquée culinairement ! A voir ce que nous réserve la suite de notre voyage !